vendredi 19 septembre 2008

The Melvins : toute première fois, tou-toute première fois...

On garde toujours un souvenir impérissable d’une bonne première fois. La première fois que j’ai écouté les Melvins, c’était il y a plus de 10 ans. C’était même il y a presque 15 ans, mais je préfère ne pas y penser et continuer à me sentir insulté quand j’entends un journaliste parler de la jeune délinquance.

Mon premier Melvins, je m’en souviens comme si c’était hier. Je venais de m’offrir ma première chaîne hi-fi (une Protech, avec lecteur de cassette unique et lecteur de CD, achetée pour 2500 francs chez Makro en offre super étoile). Forts de cette nouvelle acquisition, mes mercredis après-midi se passaient entre copains, à la Médiathèque de Mons, où on louait tout ce qu’il fallait avoir entendu pour pouvoir prétendre être rock’n’roll.

A l’époque, il fallait écouter tout ce qui venait de Seattle. Voilà comment trois chevelus s’empiffraient d’albums de Mudhoney, Alice In Chains, Tad, Supersuckers, 7 Year Bitch, Gashuffer, Pearl Jam, Green River, Screaming Trees, etc. Chaque mercredi, chacun de nous empruntait un ou deux CD et en faisait des copies pour les deux autres, ce qui nous a obligés à réenregistrer sur les cassettes de Goldman de nos parents.

Voilà comment je suis rentré chez moi un mercredi avec dans mon sac l’album Houdini des Melvins. Je n’oublierai jamais le séisme qui ébranla ma chambre sur les premières notes de Hooch, la plage d’intro. Je n’avais jamais rien entendu de pareil : le riff de guitare était lourd comme l’Atomium sous l’orage du 21 juillet, le batteur devait au moins tenir une poutrelle d’acier dans chaque main pour malmener ses fûts de la sorte et la voix de Buzz Osbourne vibrait comme s’il avait un essaim d’abeilles tueuses à la place des amygdales.

30 secondes passent. Je fronce les sourcils, je serre les dents. Puis je me détends, tel le puceau qui vient de se vider pour la première fois dans sa camarade de classe que tout le monde surnommait Gérard Jugnot en raison d’une sur-pilosité faciale, je réalise ce qui m’arrive et je souris bêtement.

« Merde alors, je crois que je suis en train d’écouter du métal. Et en plus j’aime ça. »

Aujourd’hui, cette réflexion peut attirer les moqueries mais je te rappelle qu’à l’époque, mes oreilles étaient allergiques à tout ce qui avait tendance à gonfler le torse de manière un peu trop affirmée. Ainsi, les Sepultura, les Metallica, les Pantera et plein d’autres groupes dont le nom rime avec Judas (qui a dit Bananarama ?) n’avaient pas le droit d’entrer dans ma chambre.

J’ai rapidement réalisé mon erreur en m’intéressant à d’autres albums des Melvins (ou simplement en écoutant la suite de l’album Houdini) : ces messieurs ne sont pas assez sérieux pour être des métalleux. Il n’empêche que des chansons comme Hooch, Night Goat ou l’incroyable Honey Bucket (j’ai des frissons rien que d’en écrire le titre) ont fait sauter un verrou qui tenait depuis longtemps et gardait éloignés de mon fief des terroristes du décibel tels que Napalm Death ou Anthrax.

Pourquoi tant de nostalgie ? Tout simplement pour te faire comprendre mon excitation à l’idée d’aller voir les Melvins pour la première fois, vendredi dernier au Vooruit. Pour être tout à fait honnête, il s’agissait de mon deuxième concert des Melvins. Mais étant donné que je n’ai aucun souvenir du premier pour cause d’excès de sangria (cf. l’épisode de Rock Herk), on peut décemment considérer le spectacle du 12 septembre 2008 comme ma première rencontre avec ces quatre gros nounours.

Je peux dire sans trop me mouiller que j’en ai pris plein la tronche ce vendredi. Le concert était impeccable. Costaud mais sans esbroufe, qui frappe directement au menton, enchaîne sur l’estomac, balance l’adversaire dans les cordes et ne le lâche plus de la soirée. Combien de temps ça a duré ? 45 minutes ? Une heure ? Deux heures ? A vrai dire, je n’en sais rien (et je n’étais même pas bourré). C’était tellement prenant que j’en ai perdu complètement la notion du temps.

Sur scène, les Melvins assument leur statut de légendes vivantes avec un naturel incroyable. Au niveau du répertoire, ils puisent essentiellement dans les deux derniers albums Nude With Boots et A Senile Animal. Il aura d’ailleurs fallu que j’attende ce concert pour réaliser que la chanson A History Of Bad Men (tirée de Senile Animal) était une réinterprétation du bouillant Night Goat sorti en 93. Le tout est joué dans une formation de la délicatesse d’une colonne de panzers : Buzz Osbourne au chant et à la guitare, Jared Warren à la basse et au chant, l'ex-Nirvana Dale Crover à la première batterie, Coady Bills à l’autre batterie. Deux batteries, il fallait bien ça pour donner la réplique aux riffs acérés des deux autres révoltés.

Pour la petite histoire, les Melvins ont eu le goût de proposer en première partie deux de leurs side projects : le très hardcore Big Business et le plus noisy Porn. (Porn, Porn, Porn, voilà qui va ramener des clics…)

Depuis que je suis papa, je vais voir moins de concerts qu’auparavant. Ce qui est génial avec un concert comme celui des Melvins, c’est que je ne regrette absolument pas l’époque où j’allais trois fois par semaine au Bota. Avec un tel niveau de qualité, je me contenterais d’une seule sortie par an.

Demain : 31knots. Youhou…

PS : madame me fait remarquer que Buzz Osbourne ressemble à un croisement entre Pedro Almodovar et Tahiti Bob. Y a du vrai…

A regarder :

la vidéo de The Talking Horse



la vidéo de Honey Bucket (ça date...)





Les liens

Le site officiel : www.themelvins.net

Sur MySpace : http://www.myspace.com/themelvins

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire