mercredi 14 mai 2008

REM - Accelerate

REM, c’est LE groupe qui a marqué chez moi le passage de l’enfance à l’adolescence. J’avais 10 ans et jusque là, ma culture musicale se limitait à quelques cassettes de JJ Goldman empruntées à mes parents et quelques copies des « tendances » du moment : Benny B, Mili Vanilli, MC Hammer, Vanilla Ice et l’incontournable compilation New Beat avec le culte des cultes Confetti’s.

Puis débarque Losing My Religion sur les ondes de la FM commerciale et c’est le choc. Ma vie n’est plus la même. J’enlève les lacets fluo qui ornaient mes baskets, je les attache à ma raquette de tennis et me voilà équipé de la guitare qui accompagnera mes prestations de playback dans ma chambre encore décorée de posters de joueurs de basket. Tous les samedis matin, j’enregistrais le Hit Contact en espérant que, cette fois, l’animateur ne reprendrait pas l’antenne avant la fin de MA chanson. Je l’ai enregistré tellement de fois que je me souviens encore, dans le désordre, du Top 4 de l’époque : Sidney Youngblood, Lisa Stanfield, les Inconnus (Rap’tout) et REM, bien entendu.

J’ai tout de suite compris que ma vie basculait. D’enfant un peu rondouillard, je devenais adolescent, grâce à Michael Stipe. S’ensuivirent les premiers poils pubiens, une légère poussée d’acné, l’apparition d’un duvet plus foncé sous mon nez. Relation de cause à effet ? Les scientifiques restent divisés. Pour moi, il n’y a pas l’ombre d’un doute : Losing My Religion, c’était comme ce tunnel qui séparait la cour des petits de celle des grands à l’école. Le rite de passage obligé.

Du coup, je me suis vite senti investi par une âme de rockeur. Dans les cahiers « Copains Copines » (ton plat préféré, ton animal préféré, ton futur métier, etc.), les mots Rock, REM et guitare ont fait leur apparition un peu partout sous mon nom, là où quelques mois plus tôt, on pouvait encore lire new beat, Le Grand Jojo et BMX. Dans la classe, je me la pétais. Normal, j’étais persuadé d'être le premier rockeur de la classe. Je ne prêtais plus aucune attention à ce qu’ils écoutaient, moi, c’était REM. D’ailleurs, quand on me demandait ce que j’écoutais dans mon walkman, je répondais : « Tu connais pas. Ça s’appelle REM, c’est un groupe de rock. Et REM, ça veut dire Requiem. »

Requiem ???

Ben ouais, j’avais 10 ans. Internet n’existait pas et de toute façon on n’avait pas de PC à la maison. Comment aurais-je pu savoir ce que signifiait REM ? Alors, j’avais inventé que ça voulait dire Requiem. Je trouvais ça assez rock’n’roll, avec le côté morbide et tout et tout. Avoir une veste en jean et écouter un truc qui s’appelait Requiem, c’était le top du top de la rebelle attitude. C’est fou ce qu’on peut être con quand on est petit. (Et c’est fou ce qu’on peut le rester en vieillissant, j’en conviens).

Voilà donc comment j’ai fait mes premiers pas dans le milieu du rock. Quelques mois plus tard, Oliver Stone sortait son film sur les Doors, puis Nirvana sortait Nervermind et j’étais définitivement irrécupérable pour mes parents. La suite, tout le monde la connaît : les Pixies, Sonic Youth, les Sex Pistols, Mudhoney et les cassettes qui s’empilent dans ma chambre.

Néanmoins, ma relation à REM ne s’est pas limitée à une crise de puberté. Out of Time, c’était bien. Mais Automatic For The People, c’était encore mieux. Et puis, j’avais cette cassette, The Best Of REM, que j’avais achetée en Espagne et qui contenait plein de super chansons : Orange Crush, The Finest Worksong, It’s The End Of The World As We Know It (and I feel fine), etc. REM a donc accompagné toute mon adolescence. J’enregistrais toutes les émissions sur REM qui passaient sur MTV et je les regardais dès que je m’emmerdais et que je n’avais plus envie de regarder les Doors. Interviews, documentaires, concerts, REM Unplugged, tous ce qui passait sur eux à l’époque traîne forcément encore quelque part chez mes parents, dans une caisse pleine de cassettes VHS. Je peux même dire que REM a contribué à mon apprentissage de la langue anglaise : j’apprenais pas cœur des pans entiers d’interviews de Michael Stipe que je répétais en essayant d’imiter son accent d’Athens, Georgie. De cette époque, j’ai gardé ce tic de langage de Stipe quand je parle anglais : comme lui, je marque toujours un temps de pause à la moitié de mes phrases. C’est assez difficile à reproduire à l’écrit, vous m’en excuserez.

Puis l’adolescence passe, on s’intéresse à des musiques plus aventureuses et REM est laissé de côté. Le dernier album que j’ai acheté, je pense que c’est Up, le premier sans le batteur Bill Berry. Ça remonte déjà à un paquet d’années. Ce n’était pas mal, même s’il n’y a qu’une seule chanson qui m’a vraiment marquée sur celui-là : Walk Unafraid.

D’ailleurs, je ne les ai jamais vus en concert. Je crois que je ne les verrai jamais. Tant pis, ce n’est pas bien grave.

Et donc, presque 20 ans après mes premiers émois REMesques, voilà qu’ils sortent un nouvel album présenté comme un retour aux sources, aux fameuses années ERS et ces albums mythiques (Reckoning, Document, etc.) Merci les gars, ça fait plaisir de vous revoir. Heureux d’entendre que Michael a toujours la pêche (I’m gonna DJ). Content de constater que la guitare de Peter a retrouvé ses couilles (Man-Sized Wreath). Enchanté par le retour à des thématiques plus engagées (Houston). Pour les chœurs de Mike, euh…, les chœurs, ça n’a jamais été ma tasse de thé, désolé. Mais c’est chouette de vous revoir après tout ce temps. Finalement, vous n’avez pas si mal vieilli. Et puis, surtout, vous n’avez jamais été ringards. Vous êtes restés pareils. Vous vous êtes un peu égarés après le départ de Bill, mais vous n’avez jamais vraiment vendu votre âme au diable non plus. Et là, ben ça fait au chaud au cœur de revoir que vous avez retrouvé votre chemin.

Accelerate, j’aime bien donc. Ce n’est plus vraiment ce qui me fait bander, mais ça réveille en moi de lointains souvenirs de l’époque où je gueulais « I could turn you inside ou-ou-ou-out, what I choose not to do ».

Vu qu’on est des vieux potes et qu’on se connaît depuis un bout de temps maintenant, il faut quand même que je vous avoue quelque chose. Je vais être sincère. Je peux me le permettre après tout ce qu’on a vécu ensemble. Alors je me jette : j’ai beaucoup de respect pour tout ce que vous avez fait. Sincèrement. Mais je serais malhonnête si je ne vous disais pas entre quatre yeux que Everybody Hurts est une des chansons qui m’horripilent le plus au monde. Celle-là, vraiment, elle me sort par tous les trous.

La vidéo live qui a hanté mes jeunes années (ça date de 1989):


Les liens intéressants

Le site officiel : http://www.remaccelerate.com/
Les incroyables sessions enregistrées pour la Blogothèque : http://www.blogotheque.net/REM

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