lundi 16 juillet 2007

The Soulsavers - It's Not How Far You Fall, It's the Way You Land

La résurrection

Pour son deuxième album, le duo britannique Soulsavers s'est adjugé les services de Mark Lanegan, l'homme aux multiples casquettes. En effet, après avoir été le leader charismatique des Screaming Trees jusqu'au milieu des années 90 et mené en parallèle une brillante carrière solo, celui-ci officie désormais comme cinquième roue de carosse Queens Of The Stone Age, accompagne Greg Dulli au sein des Twilight Singers et collabore, tant en studio que sur scène, avec Isobel Campbell, l'ex-chanteuse de Belle and Sebastian.

Me raccrochant à ce vieil adage qui voudrait que qui trop embrasse mal étreigne, j'appréhendais cette énième collaboration avec une oreille dubitative. Grand fan de la voix rocailleuse de Mark Lanegan, je restais sur ma faim depuis Here Comes That Weird Chill, fantastique EP sorti en solo en 2003. Qu'allait donc donner cette participation à un exercice de style a priori délicat ? Comment faire cohabiter la voix brute, rugueuse et abimée de Mark Lanegan au trip hop des Soulsavers ?

La réponse se trouve dans cet album étonnant, qui marie avec beaucoup de justesse la soul, le folk et le gospell d'un côté, et des arrangements électroniques discrets qui forment un superbe écrin pour la voix de Lanegan. A tel point qu'au final, on se demande qui accompagne l'autre sur ce disque (Lanegan apparaît sur 8 des 11 titres).

Sur Revival, la chanson d'ouverture, Mark Lanegan s'époumone sur des airs de gospell, accompagné d'un clavier vintage et d'une chorale qui le pousse dans ses derniers retranchements, et impose d'entrée de jeu de constater que l'ancien songwriter bourru de Seattle est bel et bien de retour. Après cette solide entrée en matière, c'est le duo des Soulsavers qui reprend les commandes du navire et imprègne ce disque de ses paysages sonores caverneux. On pense parfois à Tricky, en particulier sur Paper Money, l'un des moments forts de cet album : le morceau commence sur une ligne de basse répétitive et se déchire lorsqu'intervient un tonnerre de voix et de guitares sur le refrain. Le chaotique Jesus Of Nothing constitue à coup sûr un autre tour de force. D'autres titres plus calmes, et plus anecdotiques, insistent sur le thème principal de l'album : la rédemption (cf. les bondieuseries de la pochette). Ceux qui connaissent bien les albums solo de Lanegan n'en seront pas surpris. C'est la cas notamment de Spiritual ou No Expectations, musicalement moins excitants que le reste du disque.

Voici donc une agréable surprise. Alors que je commençais à me dire que Mark Lanegan ferait bien de penser tout doucement à une retraite bien méritée, le voilà qui frappe de fort belle manière sur ce deuxième album des Soulsavers, au point de faire passer ces derniers au second plan. Il leur revient pourtant le mérite d'avoir pu le convaincre de prendre part à un tel projet et, surtout, d'avoir si bien emballé sa voix, alors qu'il traîne derrière lui une réputation de dur à cuire.



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