lundi 7 mai 2007

J. Tillman m'a tuer

Quand l'histoire se répète

Les coups de foudre frappent souvent sans prévenir, là où on les attend le moins. Il y a presque deux ans jour pour jour, je fondais littéralement en découvrant la voix délicate et envoûtante de Catherine Feeny en première partie d'un concert de Suzanne Vega. Ses chansons folk minimalistes, accompagnées d'une guitare timide mais juste, m'avaient atteint droit au coeur, ouvrant une de ces blessures qui ne se referment jamais. Mon enthousiasme avait été conforté par l'achat d'un premier album éponyme d'excellente tenue, reproduisant au frisson près la sensation éprouvée lors de la première rencontre. Certes la sauce est légèrement retombée depuis avec Hurricane Glass, noyé sous des arrangements taillés pour la FM. Mais la plaie était toujours béante...
L'histoire s'est répétée hier, ouvrant par la même occasion cette vieille cicatrice de guerre. L'effet de surprise fut d'autant plus délicieux, qu'en me rendant à ce concert de Do Make Say Think, j'ignorais totalement qu'un certain J. Tillman, inconnu au bataillon, était programmé en première partie. Assis en tailleur face à la scène de la Rotonde, je me suis laissé bercer par ses chansons blues folk d'une rare générosité.
Sans artifice, a cappella ou s'accompagnant de quelques accords de guitare, J. Tillman ne se soucie que de l'essence-même de la musique, à savoir composer des chansons simples, brutes, directes, efficaces. Sa voix légèrement rocailleuse déclame ses histoires dans une mélancolie douce-amère qui évoque tour à tour la Catherine Feeny des débuts (on l'aura compris), le Mark Lanegan période Field Songs et I'll Take Care Of You (avant qu'il ne s'intéresse plus à sa coupe de cheveux qu'à ses chansons), voire, plus près de nous, à une Jesse Sykes ou un Ryan Adams (à ne pas confondre à Bryan, s'il vous plaît).
Hier, J. Tillman ne pouvait d'ailleurs dissimuler un certain malaise à se retrouver face à un public massé pour en écouter d'autres, sur une scène trop grande et sous un éclairage auquel il n'est sans doute pas habitué. Rageant contre une amplification qu'il jugeait trop forte, il débrancha sa guitare, coupa le micro et finit son set en unplugged pur et dur dans une Rotonde admirative. A l'ancienne. J'en avais la chair de poule.
Après le concert, un petit détour par la table merchandising et une courte discussion avec l'artiste m'a permis d'apprendre que J. s'appelait en réalité Josh, qu'il était originaire de Seattle et qu'il avait sorti à ce jour quatre albums, dont les deux premiers, auto-produits, viennent d'être réédités chez Fargo qui distribue désormais l'ensemble de son catalogue. Sans le sou, je me suis résigné à rentrer chez moi et à faire chauffer la visa sur le net. Premier achat: le tout chaud Cancer & Delirium sorti il y a quelques jours à peine. Verdict dans quelques jours ici-même.
J'en suis tellement troublé que j'en oublierais presque la prestation impeccable de Do Make say Think une heure plus tard. Il y a des dimanches comme ça où on est content de ne pas être scotché devant une soirée électorale...

Liens intéressants :

J. Tillman sur MySpace : www.myspace.com/jtillman

Le distributeur : www.fargorecords.com

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