mercredi 18 avril 2007

31knots - The Days and Nights of Everything Anywhere

Comme le bon vin ?

Dans l'histoire de la musique pop-rock, il existe de nombreux cas d'albums qui se situent totalement à la marge du reste de la discographie de leurs géniteurs. Non pas qu'il s'agisse de mauvais albums (ce cas existe aussi évidemment, mais ce n'est pas le sujet), mais plutôt de disques à l'approche tellement inattendue qu'ils mirent du temps à s'imposer comme des références. Souvent, ces albums ont d'abord dérouté plus qu'ils n'ont séduit avant d'être reconnus comme la sortie de piste salutaire, voire nécessaire pour faire le tri entre les admirateurs opportunistes et les vrais connaisseurs. Les exemples pululent et un rapide coup d'oeil à la colonne de CD qui s'érige derrière moi me permet d'en citer quelques uns :

- David Bowie - Outside : sorti en 1995, alors que Bowie était en pleine traversée du désert pop-variété, ce disque caresse le fan de la première heure à rebrousse-poil en proposant des chansons électroniques aux structures tortueuses et des sonorités jusqu'alors réservées aux papes de l'electro underground. Dix ans plus tard, Outside est désormais considéré comme une des pièces maîtresses de l'oeuvre de Bowie, au même titre qu'Aladdin Sane ou la trilogie berlinoise Low - Heroes - Lodger.
- Sonic Youth : Washing Machine : la même année qu'Outside, Sonic Youth sort l'album qui lui évite de justesse de se voir récupéré dans la vague grunge qui a valu à Pearl Jam et à Alice In Chains de passer en boucle sur MTV. Radical dans sa démarche, Washing Machine surprend à chaque virage avec en points d'honneur Little Trouble Girl et ses choeurs chantés par une Kim Deal qui vous glace le sang et The Diamond Sea, ballade hypnotique qui approche la demi-heure. Aujourd'hui encore, Washing Machine reste un OVNI dans la discographie de Sonic Youth.
- Radiohead - Kid A : après le succès phénoménal d'OK Computer, les critiques du monde entier considéraient déjà Kid A comme un chef-d'oeuvre, avant même d'en avoir entendu la moindre note. Pourtant, bien des midinettes qui avaient roulé leur première pelle au son de Creep ou High and Dry ont tiré une vilaine tronche en cherchant en vain le tube qui sommeillait dans Kid A. Car il n'y en avait évidemment pas. Les surdoués d'Oxford avaient préféré sortir un album touffu, truffé d'expérimentations électroniques et d'improvisations jazz. Ce qui leur a valu par la même occasion de se racheter une crédibilité et de refiler définitivement la patate chaude à Coldplay, tombé à point nommé pour reprendre le rôle de champion du monde de la ballade faussement rock.

Quel rapport avec le nouvel album de 31knots ? C'est pourtant simple : The Days And Nights Of Everything Anywhere est tellement hermétique aux premières écoutes qu'il entre directement dans cette catégorie des disques "accidents", à ne pas confondre avec les accidents de parcours. Pratiquement méconnaissable sur les 3 premiers titres de cet album, 31knots se cache d'abord derrière des samples entêtants, des brouhahas répétitifs et des choeurs féminins. Ce n'est qu'à partir du 4e morceau, le somptueux et bien nommé Man Become Me, que le trio de Portland renoue avec la fougue qu'on avait connue sur les albums précédents, et surtout sur le très alléchant EP Polemics, sorti il y a quelques mois à peine. Mais sur le suite du disque, 31knots continue à brouiller les pistes et propose des titres généralement plus lents et plus complexes que ce qu'on avait pu entendre sur It Was High Time To Escape ou Talk Like Blood. La guitare de Joe Haege, d'habitude si rageuse, est mise ici en sourdine sur la moitié des titres, au profit de trompettes et de pianos. Le très bruyant Imitation Flesh paraît bien seul pour évoquer la fureur d'antan. A écouter les commentaires ("Mais quelle mouche les a piqués ?"), on serait presque tenté de condamner aux oubliettes ce 5e album de 31knots. Et si on prenait tout simplement le temps de le laisser mûrir ? Et si on laissait ces chansons inattendues révéler leurs secrets au fil des écoutes ?
Pour celles et ceux qui connaissent mal 31knots, précisons tout de même que ce dernier album n'est certainement pas la meilleure entrée en matière pour découvrir ce groupe aux multiples talents. On conseillera plutôt en entrée les succulents It Was High Time To Escape, The Curse OF The Longest Day et The Rehearsal Dinner. A ne manquer sur scène sous aucun prétexte : à Hannut le 4 mai, à Bruxelles le 5, à Courtrai le 6 et à Verviers le 7...








Site officiel : www.31knots.com
Sur MySpace : www.myspace.com/31knots

31knots tourne actuellement en Europe et sera de passage pour 4 dates en Belgique du 4 au 7 mai. Plus d'infos sur le site officiel.

Le clip de Beauty



Deux live déjantés tournés le mois dernier (face à un public médusé)



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